lundi 23 février 2009

Andrei Konchalovsky : mise en bouche avant Gloss

En salles : D’Andrei Konchalovsky cinéaste, on ne retient le plus souvent que sa période américaine : Runaway Train, Le Bayou, Duo pour une soliste, Tango & Cash. Et surtout le sublime et déchirant Maria’s Lovers, avec la non moins sublime Nastassja Kinski, entourée de Keith Carradine et John Savage.
C’était alors la caution "auteuriste" de l’inénarrable duo Golan-Globus, fondateurs de la Cannon, qui offrit ses heures de gloire au pire du ciné US reaganien des 80’s - Stallone avec Over the top et Cobra, en passant par Chuck Norris ou Dolph Lundgren.
C’est oublier les origines slaves du cinéaste, cadet d’un autre grand cinéaste russe, Nikita Mikhalkov – Urga, Les Yeux noirs, Le Barbier de Sibérie, Soleil Trompeur – dont il nous est permis de découvrir jusqu’au 3 mars au Lincoln à Paris l’œuvre russe.
Brouiller les pistes
Parmi les sept films présentés, j’en signalerai trois parfaitement représentatifs de l’oeuvre d’un artiste qui aime à brouiller les pistes : réalisateur, metteur en scène de théâtre et d’opéra, à l’aise aussi bien dans le pur film d’action que dans la fresque, le drame intimiste ou la satire.
- Oncle Vania (1971) : Une des plus belles adaptations de Tchekov au cinéma, teintée de satire à l’égard du régime soviétique, et qui valut au cinéaste ses premiers déboires avec les autorités.
- Sibériade (1979) : Sorte d’Autant en emporte le vent made in Sibérie, cette grandiose super-production faillit ne jamais sortir des frontières de la Russie alors soviétique sans sa miraculeuse projection au Festival de Cannes de 1979. D’où l’exil du cinéaste aux Etats-Unis, avant son retour en Russie à la fin années 90. S’il n’y avait qu’un film à retenir de sa filmographie pour découvrir son oeuvre, c’est celui-là qu’il faut avoir vu.
- La Maison de fous (2002) : Là, c’est la fibre satirique et surréaliste – slave, diront certains…- qui ressort à travers ce portrait d’un asile d’aliénés, métaphore kusturicienne d’une Russie eltsinienne au bord de la faillite économique, sociale et culturelle, empêtrée dans le conflit tchétchène. Drôle, grinçant et visionnaire, proche de certaines satires italiennes des années 70, comme Le Grand embouteillage de Luigi Comencini.
Une rétrospective qui tombe à pic pour découvrir l’œuvre russe d’un cinéaste dont le denier film, Gloss, un pamphlet contre les affres de la célébrité, sera présenté le 24 février en sa présence au Lincoln. Nazdarovie !
Travis Bickle

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