vendredi 23 octobre 2009

Federico Fellini en huit films et demi (2/2)


Artistes : S’il était difficile de revoir l’œuvre de Federico Fellini, plus d’excuses désormais ! Huit raisons et demi pour se jeter à corps perdu sur l’œuvre d’un des créateurs les plus marquants du XXe siècle - carrément…

- Il Bidone (1955) : pour s’assurer qu’avant de devenir Fellini, Fellini était aussi un cinéaste néo-réaliste, doté d’un regard plein de tendresse et de sarcasme sur ses contemporains. Le Pigeon n’est pas loin ! Egalement disponible en DVD chez Carlotta.

- La Dolce Vita (1959) : Marcello, Anita, la fontaine de Trevi, Rome… Jouit d’une mythologie plus forte que le film lui-même, sorte de déambulation nocturne et dépressive dans la jet-set romaine. Fellini y invente le terme de paparazzo, en baptisant ainsi de ce nom un des photographes. Palme d’Or à Cannes en 1960. A revoir en parallèle avec La Notte, d’Antonioni : son remake existentiel, interprété par Marcello, mais situé à Milan.

- Huit et demi (1963) : pour moi, c’est son chef d’oeuvre. Ah, revoir Marcello Mastroianni bloqué dans les embouteillages romains, en panne d’inspiration…et dont l’esprit s’envole… Film-matrice, film-somme, film-énorme. Avec Les Fraises sauvages de Bergman et L’Eclipse d’Antonioni, chef-d’oeuvre du cinéma d’auteur européen. Oscar du film étranger. Merci à Gaumont d’avoir enfin édité la version DVD, avec de magnifiques bonus.

- Amarcord (1973) : l’œuvre la plus autobiographique du cinéaste – Amarcord signifiant "Je me souviens" dans un dialecte italien -, sur une musique inoubliable de Nino Rota. Evocation de la montée du fascisme, certes, mais surtout festival de sons et d’images dominé par l’arrivée nocturne du paquebot sur les rives de Rimini…

- Casanova (1976) : le film de l’excès sur un compulsif du sexe ! Venise reconstituée en studio, Donald Sutherland outrageusement maquillé et réduit à une bête sexuelle mécanique, des courtisanes de tous âges et de toutes conditions à gogo… Nombriliste, carnavalesque, excessif, une vision très personnelle du séducteur vénitien. Egalement disponible en DVD chez Carlotta.

- Prova d’Orchestra (1978) : initialement tournée pour la RAI, une fable politique visionnaire sur l’ordre et le chaos, l’individuel et le collectif, à partir du récit des affres d’un orchestre symphonique et de son chef. La lucidité des plus grands.

- E la nave va (1982) : la décadence et la fin de l’histoire vues par Fellini. Sorte de Titanic pré-14-18, le Gloria N embarque à son bord outre des personnages felliniens en diable, un mystérieux rhinocéros… Peut-être son film le plus secret.

- Fellini au travail (2009) : 2 DVD pour le prix d’un gorgé de fellineries. Génial DVD de Carlotta qui rassemble nombre de documents essentiels pour découvrir, comprendre et aimer l’œuvre de Fellini, rassemblés par le commissaire de l’expo qui se tient au musée du jeu de Paume à Paris, Sam Stourdzé. Le clou de cette édition : Bloc notes d’un réalisateur – une inédit de Fellini diffusé en 1969 sur les chaînes US, puis seulement 20 ans plus tard en Italie. Réalisé entre son grand projet avorté Le Voyage de Mastorna et Le Satyricon, à la demande de ses producteurs US, c’est là un brouillon de Fellini Roma et Intervista, où le metteur en scène met en scène son travail. Passionnant, drôle, irrésistible. Entre faux documentaire et vrai film, un condensé de l’oeuvre de Fellini en à peine moins de 60 mn.
Autre moment fort : l’intégralité de l’entretien du cinéaste avec son complice belge André Delvaux – 3 heures d’entretiens passionnants. Et des essais réalisés par Fellini lui-même, au cours desquels 5 comédiens donnent leur vision de Casanova : Gassman, Tognazzi, Sordi, Alain Cuny, et, évidemment Marcello !

Et au-delà de cette sélection partiale et subjective – j’aurais pu évoquer le peu vu mais très connu Cité des femmes ou bien son adieu au cinéma Intervista. Rendez-vous à la Cinémathèque de Paris pour revoir l’intégralité de son œuvre jusqu’au 20 décembre.
Travis Bickle

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