mardi 27 octobre 2009

La proposition: Bullock se tape le mec de Scarlett


En salles. On va au cinéma voir une comédie romantique américaine comme on va au fast food. On sait exactement ce qu'on y cherche, on ignore pas que la qualité du service est médiocre et pourtant, pour je ne sais quelles obscures raisons, on s'y rend avec l'espoir de passer un bon moment. Généralement on en sort avec les mains sales et un léger sentiment de culpabilité qu'on s'empressera de nier lorsqu'un nouveau film avec Kate Hudson sera en salles.
Un film Big Mac.
La proposition ne déroge pas à cet axiome du big mac: le film est indigeste, bourré de sucre, mais correspond tellement à ce qu'on attendait qu'on ne peut le juger trop sévèrement sous peine de passer pour un inconséquent. On prèfèrera d'ailleurs éviter les situations où on risque de devoir parler du film, histoire de taire une honteuse addiction. Et lorsqu'on y est contraint, on détournera subtilement les foudres d'un consensus culturel boboïsant en faisant référence au dernier film avec Ryan Reynolds, le petit copain de Scarlett Johansson. Il y a peu de chance que votre interlocuteur soit un fervent lecteur de cineblogywood et fasse le rapprochement avec le film de Sandra Bullock...En revanche, il en profitera pour vous parler de l'album de miss Johansson et vous n'aurez qu'à affirmer avec aplomb "qu'il donne envie de repartir se mettre au vert dans un petit cabriolet rouge, sous le ciel bleu" (évidemment vous ne l'avez jamais écouté mais vous lisez les Inrocks).
Une recette éculée.
Le scénario dans une comédie romantique "big mac" a très peu d'importance. Il obéit de toute façon à une charte stricte tout comme les films X répondent à un cahier des charges très précis (cette remarque, bien que véridique, m'a été soufflée par Marcel Martial et n'est présente que pour faire augmenter le trafic sur le blog). Il raconte donc comment 2 personnes tombent amoureux l'une de l'autre alors que tout les oppose: le sexe, l'éducation, le statut social, le caractère etc...Leur seul point commun, excepté le fait d'être des caricatures, est qu'ils sont incarnés par des acteurs aux physiques avantageux et que leur histoire est mise en scène par un réalisateur dont les ambitions artistiques se limitent à un cadrage ne laissant pas apparaître les perches micro. On comprendra aisément que Rossy De Palma et Danny De Vito n'incarnent pas les personnages principaux de La proposition. Ce qui ne nous empêche pas de le regretter...Le dénouement de ces comédies est souvent heureux et toujours larmoyant. Il use immanquablement d'un tube planétaire interprété par les Spice Girls/Kylie Minogue/Robbie Williams. S'il s'agit de rock indé, on est dans un film petit budget.
Vive l'amour.
Contre toute attente, La proposition répond à tous ces principes. Il met en scène une éditrice guindée et inaccessible, qui cache naturellement un coeur d'or sous une poitrine agressive, face à un assistant un peu neuneu mais bien pourvu. Ils ont chacun leur lot de traumatismes socialement acceptables (elle n'a pas été violée, il n'a pas été battu) qu'ils essayent de surmonter en niant leur existence. Ils s'apercevront bien vite qu'ils ont besoins l'un de l'autre. Derrière les barrières qu'ils ont élevées pour se protéger des méchants autres se cachent en effet 2 petits coeurs qui recèlent des trésors d'amour... Quand on sait que Sandra Bullock (qui joue la fameuse éditrice) exige de recevoir les propositions de scénar sous forme de bande dessinée, on savoure alors le message du film dans toute sa splendeur: les apparences sont souvent trompeuses. Et qu'importe si ce message est rabâché chaque semaine avec une nouvelle comédie big mac, l'essentiel est de susciter encore l'enchantement dans un univers où le cynisme est roi. Vive Britney.
M'est avis que ce message aurait tout de même été beaucoup plus crédible avec Rossy De Palma.

Mon conseil: faites l'amour, pas la guerre.
Sentenza.

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