dimanche 12 septembre 2010

Claude Chabrol : que son oeuvre vive


Artistes : A 80 ans, Claude Chabrol a rendu son dernier souffle. On aimerait que ce fut après un bon repas, arrosé d'un vin capiteux et conclu par un gros cigare, un verre de Cognac à la main. Bon vivant, Chabrol l'était assurément. Peut-etre parce que le bonhomme a été élevé au jus de viande ! Et oui, le petit Claude était allergique au lait.

Sa passion du cinéma, Chabrol la développe à Sardent, un petit village de la Creuse où ses parents l'ont envoyé pendant la guerre. Il y crée une salle de projection. Le cinéphile devient, dans les années 50, critique aux Cahiers du Cinéma, aux côtés de Truffaut, Godard et Rohmer. Il est le premier d'entre eux à passer derrière la caméra. Il raconte d'ailleurs que le premier jour de tournage, il confond une vis sur la caméra avec le viseur... Ses premiers films, Le Beau Serge (1957) et Les Cousins (1958), lancent la Nouvelle Vague. Le reste de sa filmographie se partage entre chefs-d'oeuvre (La Femme infidèle, Le Boucher, La Cérémonie…), succès populaires (Docteur Popaul, Poulet au vinaigre…), nanars (Le Tigre se parfume à la dynamite, Dr. M…) et bides (Les Magiciens, Jours Tranquilles à Clichy…). L'ami Travis Bickle a d'ailleurs rédigé un bon post sur les nanars et bizarreries de Chabrol.

Bouffe et bourges

Son oeuvre est "trop souvent jugée inégale" mais elle n'est pas "incohérente", souligne toutefois Wilfrid Alexandre dans une excellente bio intitulée Claude Chabrol, La Traversée des apparences (éditions Le Félin). Il évoque "un système dramaturgique fondé sur les scènes de table et la métaphore de l'échiquier, la manipulation et le mensonge (…)". Si le cinéaste aime autant filmer les repas c'est parce qu'ils les considère comme des "petits moments de vérité", pendant lesquels les masques tombent. Autre pilier de l'univers chabrolien : la bourgeoisie. "Plutôt que de m'intéresser aux SDF, je m'attache à ceux qui les ont fabriqués", justifie-t-il.

Rabelaisien, rigolard, déconneur, iconoclaste, féroce, polémiste (Chabrol n'a jamais renié son amitié avec Jean-Marie Le Pen, un copain d'école, et a souvent minimisé les dérapages de ce dernier, préférant évoquer des déconnades...), Claude Chabrol laisse derrière lui une oeuvre certes inégale mais truffée de pépites. A (re)voir d'urgence.
 
Anderton

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