dimanche 31 octobre 2010

L'homme qui voulait vivre sa vie


En salles : Qui n’a jamais rêvé un jour de changer sa vie ?

Paul, avocat d’affaires, marié, 2 enfants, semble avoir tout pour être heureux. Et pourtant, dès le début du film, un certain malaise plane sur son couple et nous plonge ainsi dans une sorte de mal être dont souffre le personnage principal.

Car Paul ne vit pas sa vie, il vit à côté de sa vie. Le problème, c’est qu’il ne s’en rend pas compte et lorsque sa femme le quitte, tout s’écroule comme un château de cartes.

Le film pose la question de « faut-il renoncer à tout pour se trouver soi–même et pouvoir exister ? »

Le rêve de Paul était de devenir photographe et un incident dramatique va le forcer à tourner le dos à une vie bien cosy pour se lancer dans l’aventure. Pourtant cette renaissance qui finira par arriver et cette « reconnaissance » tant attendue seront proscrites.

Car peut-on vraiment tourner la page de la sorte, faire comme s’il n’y avait pas de passé, et trouver une sérénité dans l’abnégation ?

La peur et l’angoisse qui hantent Paul ne le quitteront pas de tout le film, de toute sa vie car même en essayant de se racheter en faisant don de son œuvre, le passé sera toujours présent.

Quand on adapte un roman de Douglas Kennedy d’environ 400 pages, il faut forcément s’attendre à ce que les faits évoluent lentement. Sauf que là, il faut condenser le tout en moins de 2 heures, alors attendez-vous à quelques changements par rapport au roman.

Le réalisateur, Eric Lartigau a tout de suite été attiré par ce roman sur le thème de l’entité et la quête d’identité. Il lui a fallu attendre onze ans pour pouvoir en faire une adaptation.

Cinéaste français, il a fait ses débuts en tant qu’assistant réalisateur de spots publicitaires avant de réaliser lui-même des publicités pour se tourner enfin vers la comédie. Parmi ses succès, on nommera « Mais qui a tué Pamela Rose ? » et « Prête-moi ta main ».

Sa rencontre avec le producteur-acolyte de Luc Besson, Pierre-Ange Le Pogam, lui a permis de travailler à l’adaptation du roman de Douglas Kennedy.

C’est sa première œuvre dramatique en tant que réalisateur et on peut le dire, une belle réussite dans le genre roman noir. Pour recréer les sentiments de Paul, il prend le spectateur comme témoin. On est « collé » au personnage.

La peur est omniprésente, mais elle évolue au long du film. Il y a un véritable cheminement mental qui s’instaure.

Chez Douglas Kennedy, il y a toujours un moment où tout bascule, un accident d’une violence extrême, inattendue et stupide mais qui réveille le personnage principal et l’oblige à avancer.

Tout comme dans le roman, le film laisse des traces, vous poursuit, vous bouleverse. On se demande de bout en bout si Paul pourra survivre à sa fuite et trouver cette sérénité si recherchée.

« Devenir quelqu’un », plonger dans la vie et ne plus en être spectateur. N’est ce pas le rêve de tous ?

Le choix des décors était capital pour retranscrire le changement fondamental entre l’ancienne et la nouvelle vie.

Paul vit en banlieue parisienne, un choix familial qui se veut raisonnable, dans une jolie maison bourgeoise et confortable. Ses actes le conduisent ensuite en Bretagne au milieu d’une mer tourmentée. Puis il met le cap vers les pays de l’Est et le Monténégro, au milieu de terres perdues et sauvages.

A Paris, le réalisateur a volontairement fait le choix d’une longue focale pour que le personnage se détache du paysage et pour donner cette impression de « en dehors de sa vie ». Puis dans la seconde moitié du film, il a tourné en courte focale et retranscrit ainsi le regard que pose Paul sur sa propre vie.

Romain Duris interprète avec finesse cette homme torturé, en quête d’identité mais tourmenté par son passé. Il a joué dans de multiples comédies, comme récemment « l’arnacoeur », mais il a également interprété avec humour des rôles très complexes et angoissés comme dans « L’âge d’homme » en 2007.

Marina collabore pour la troisième "Foïs" avec son mari Eric Lartigau après « Mais qui a tué Pamela Rose ? » et « Un ticket pour l’espace ». Son rôle d’épouse d’une grande densité est l’élément déclencheur de ce basculement. Elle interprète une femme qui a renoncé elle aussi à son bonheur, mais qui prendra la première la décision d’avancer.

Elle aussi ne reviendra pas sur sa décision.


Marsellus Wallace.

L’homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau,

Sortie nationale le 3 novembre 2010



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