dimanche 1 mai 2011

Le Premier Rasta : un docu porté au Pinnacle


En salles : Aux yeux du public plus ou moins averti, la sainte trinité rasta est incarnée par Hailé Sélassié, Bob Marley et Marcus Garvey. Pas faux mais injuste. Car c'est oublier le fondateur du mouvement : Leonard Percival Howell. Ex-journaliste à Libé et spécialiste des musiques du monde, Hélène Lee lui a consacré un formidable documentaire, tiré de son livre éponyme (très bon aussi) : Le Premier Rasta.



Et sonne le Gong...

Leonard Howell, né à la fin du XIXe siècle et mort en 1981 quelques mois avant Bob Marley (qui lui avait d'ailleurs emprunté le surnom, "Gong"), a fondé en 1939 la première communauté rasta : le Pinnacle. Auparavant, ce paysan jamaïcain a forgé sa conscience politique lors de ses voyages (Howell s'engage dans la marine marchande) et de son séjour à Harlem, où il fréquente Marcus Garvey. L'essor du communisme comme l'avènement d'Hailé Sélassié marquent profondément le bonhomme qui retourne à la Jamaïque, bien décidé à s'affranchir de Babylone (en gros, le système capitaliste) et du pouvoir colonial (l'île demeure sous l'autorité de la couronne britannique jusqu'à l'indépendance, en 1962).

Plus qu'une doctrine politique, rastafari est un mouvement spirituel. Le Pinnacle en est la terre promise. Au coeur des montagnes jamaïcaines, Howell installe une communauté auto-suffisante qui se nourrit de fierté noire et de produits locaux cultivés et partagés par tous les membres de ce village libre. La production de ganja donnera un prétexte au pouvoir en place pour s'attaquer plusieurs fois à ce qu'il considère comme un havre de sédition.

Témoins directs

Loin des clichés à base de spliffs et de dreadlocks, Hélène Lee interroge quelques experts (historien, avocat...) mais surtout laisse parler les témoins directs de cette incroyable aventure : le fils d'Howell et les anciens membres du Pinnacle, dont une sister à l'âge avancé mais à l'esprit affûté. Des témoignages bruts entrecoupés d'images d'archives utilisées de manière très inventive (l'industrialisation des années 30 sur un rythme de ska) et de groundations, cérémonies rasta autour de percussions.

En relatant l'histoire oubliée d'Howell et du Pinnacle, Hélène Lee révèle également une des pensées fondatrices de l'altermondialisme. Refus du capitalisme et cultures bio étaient au coeur de la démarche d'Howell. Greetings Hélène, pour cette remarquable leçon d'Histoire et ce beau témoignage plein d'humanité.

Lisez notre dossier Jamaïque et cinéma 

Anderton 

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