lundi 28 octobre 2013

La Folie des grandeurs : renaissance en Blu-ray

En Blu-ray : La Folie des grandeurs a beau avoir été multi-diffusé à la télévision, et notamment la mienne, le film de Gérard Oury n’a pas pris une ride. Avec pour (lointain) point de départ le Ruy Blas de Victor Hugo, le cinéaste, alors au faîte de son art, nous offre une comédie pleine de panache et d’éclat. Gaumont lui redonne son brillant dans un Blu-ray exceptionnel. 



Qui n’a pas vu La Folie des grandeurs ? Toi, jeune rebelle que débecte le visionnage en famille du "cinéma de papa" ? Ou toi, cinéphile averti, à qui la comédie française donne la nausée ? D’abord, sache que je ne te juge pas, même si tu mérites quelques baffes. Et sois assuré que voici l’occasion rêvée de combler un vide dans ta vie culturelle. Car La Folie des grandeurs (1971) est un grand film. Note bien : pas juste une bonne comédie mais un grand film dans lequel l’humour le dispute à l’aventure et à la romance.

Rire et romance

Le film raconte la chute d’un grand d’Espagne, Don Salluste, victime de sa cupidité, qui pour se venger et revenir en grâce auprès du roi ourdit un complot à l’aide de son brave valet Blaze. Le cupide, le teigneux, le tenace, c’est Louis de Funès. Le brave, le bon, le beau, c’est Yves Montand. Un couple improbable (le second jouant le rôle pensé pour Bourvil, décédé avant le tournage) mais l’alchimie prend. De Funès livre une de ses plus mémorables compositions sans éclipser Montand, qui redouble de charme et d’humour. Comme à son habitude, Oury alterne les gags visuels et les dialogues ciselés. Donc tu vas rire. Souvent et beaucoup. Et ton petit cœur va s’emballer en découvrant la romance entre le valet et la reine.

L’ambition du film ne se résume pas qu’au casting : les images, restaurées avec soin, sont splendides. Des palais andalous aux plaines arides de Castille, Oury nous plonge dans l’Espagne du XVIIe siècle en évitant l’écueil du décor en carton-pâte. Sa mise en scène est portée par le souffle de l’aventure et regorge de trouvailles. Donc tu vas en prendre plein les yeux. Et plein les oreilles. Car la bande originale a été composée par Michel Polnareff : à l’origine en mono, elle a été retravaillée à partir de la version 33 tours en stéréo pour reprendre tout son éclat. Mélodies somptueuses, hommage à Ennio Morricone, fragrances pop… il s’agit certainement d’un des plus belles B.O.F. (pas bof du tout) du cinéma français.

Fufu et pop

Gaumont propose d’ailleurs le CD en bonus. Et question suppléments, la firme à la marguerite n’est pas chiche : un entretien avec un proche collaborateur d’Oury nous permet d’en savoir plus sur les coulisses du tournage ; un formidable documentaire revient sur le génie de "Fufu", avec les interventions d’acteurs (Djamel Debbouze, Guillaume Gallienne ou Alexandre Astier), des cinéastes Tolédano et Nakache, de critiques (Jean-Baptiste Thoret, le spécialiste du ciné US !) et même de psys, tel Marcel Rufo ; et un décryptage éclairant sur le score de Polnareff, qui pointe toute sa culture musicale et son inventivité. Donc tu vas te cultiver. Ami rebelle ou cinéphile exclusif, ne commet pas la folie de passer à côté de tant de grandeurs.

Anderton

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