samedi 3 octobre 2015

Horace 62 : vendetta corse et jazzy à Paname


En DVD : Dans sa belle collection Gaumont à la demande, la compagnie à la marguerite remet en valeur ses pétales fanés, longs-métrages injustement oubliés ou méconnus. C'est le cas d'Horace 62 d'André Versini. Comme son titre l'indique, ce polar de 1962 revisite la tragédie de Corneille ("Ma sœur, voici le bras qui venge nos deux frères...") : l'affrontement des Horaces et des Curiaces a laissé place à une impitoyable vendetta entre deux familles corses de Paris, les Fabiani et les Colonna.



J'ai été emballé par la première séquence du film. Un cimetière. Arrive un corbillard suivi d'un cortège d'hommes en costumes sombres. La mise en scène est simple, sobre mais pleine de sens, si je puis dire. Autant de qualificatifs qui s'appliquent également au dialogue, dit avec beaucoup de justesse par Charles Aznavour, qui incarne Horace. En quelques mots et quelques images, on sait tout. On n'a jamais aussi bien parlé des Corses, sans tomber dans le cliché. Cette beauté de la langue, on la retrouve tout au long du film. Il faut dire que c'est René Fallet qui a cosigné le scénario et rédigé le dialogue.

Dans les dédales de Paname

Pour incarner les rejetons des clans qui s'entretuent, trois comédiens, trois styles. Charles Aznavour incarne Horace Fabiani, rebelle à ces histoires d'honneur d'un autre temps. Il offre une composition sèche, visage fermé, ton monocorde. Face à lui, Raymond Pellegrin (la voix de Fantômas !), plus volubile, méditerranéen, dans le rôle d'un des fils Colonna, qui a épousé Camille Fabiani (Giovanna Ralli). Enfin, Jean-Louis Trintignant interprète le dernier des Fabiani : sa jeunesse insolente claque à l'écran. Giovanni Ralli à la beauté sauvage complète ce trio. A noter la présence également de Jean Luisi dans une courte apparition.

André Versini, le réalisateur, est corse. Il sait explorer l'âme de ses compatriotes, sans tomber dans la caricature. Je le répète, sa mise en scène est sans esbrouffe mais inspirée. L'affrontement final, dans la nuit parisienne, à pieds ou en voiture, est de toute beauté. En revanche, le choix du jazz pour bande-son nuit parfois à l'ambiance : j'aime beaucoup ce genre musical mais le swing souvent enlevé provoque un décalage avec les images. Reste que cette tragédie corse mérite d'être (re)découverte.

Anderton

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