mardi 19 janvier 2016

The Revenant : 8 qualificatifs pour un chef-d'oeuvre

En salles : J'ai vu The Revenant il y a une semaine et je n'en suis toujours pas revenu. Alejandro Gonzalez Iñarritu signe un chef-d'oeuvre porté par les interprétations de Leonardo DiCaprio et Tom Hardy. Démonstration en huit qualificatifs et sans spoilers.



Immersif
The Revenant nous transporte au XIXe siècle dans les reliefs glacés de l'Ouest américain, dans le sillage d'une expédition de trappeurs attaquée par des Indiens. Alejandro Gonzalez Iñarritu nous plonge au coeur de l'action par le recours au grand angle. Il peut ainsi nous donner à voir la démesure de la nature tout en collant au plus près des personnages. Au point que leur souffle embue à plusieurs reprises l'objectif de la caméra.

Naturaliste
Le réalisateur et son directeur photo, Emmanuel Lubezki, ont fait le choix de tourner en lumière naturelle. Les images sont à couper le souffle. La beauté sauvage, inquiétante, de la nature prend aux tripes. Naturaliste aussi, la manière de décrire le quotidien des trappeurs et des Amérindiens : le froid, la peur, les conditions de vie misérables... l'imagerie romantique du Far West en prend un coup.

Onirique
Cette réalité crue, cruelle même, s'efface parfois pour laisser place à des réminiscences et des rêves, visions fugaces, de toute beauté, qui participent à l'étrangeté du film. Je ne saurais le dire autrement : j'ai trouvé ça très mexicain. 

Viscéral
Les tripes, il faut les avoir bien accrocher car l'odyssée de Hugh Glass (Leonardo DiCaprio), John Fitzgerald (Tom Hardy) et les autres est une succession d'épreuves marquées par la violence et la souffrance. Les esprits comme les chairs sont torturés. Rien n'est épargné aux personnages... ni aux spectateurs. 

Inventif
Quelle mise en scène ! Des plans séquences virtuoses, dont les mouvements nous font tourner la tête, alternent avec des plans fixes magnifiquement composés et des travelings hypnotiques. Rien n'est gratuit. La caméra de Gonzalez Iñarritu donne le rythme d'un voyage au bout de l'enfer blanc, illustrant la sauvagerie de l'aventure et de la nature tout autant que la psychologie des personnages.

Politique
Engagé, oui, The Revenant nous relate l'histoire d'une conquête : l'arrivée de l'homme blanc, sa volonté de dominer la nature, d'en épuiser les ressources par appât du gain, et d'asservir les populations qui vivaient sur ces terres. Américains et Français sont à ranger dans le même sac.

Philosophique
L'eau est le fil conducteur de The Revenant. Et l'eau, c'est la vie : celle qui coule et tourbillonne, à l'image du fleuve. Et qu'est-ce que la neige si ce n'est la vie en sommeil, la mort. Glass aura d'ailleurs l'occasion de "mourir" et surtout de renaître à plusieurs reprises... Les écrits de Rousseau ou Hobbes sur l'état de nature et la société reviennent également en tête. "L'homme est un loup pour l'homme". Et l'ours, aussi.

Dément
Plus qu'un film sur la vengeance, The Revenant est un film sur la folie. Confronté à la sauvagerie de la nature et à sa propre bestialité, l'homme devient fou. Et pour camper leurs personnages, Leonardo DiCaprio et Tom Hardy livrent des interprétations démentes. Ils vont loin, très loin. On se demande même s'ils ne vont pas se perdre. C'est stupéfiant. Et le reste du casting (Will Poulter, Domhnall Gleeson, Forrest Goodluck) balance la même intensité. On le savait depuis longtemps : Alejandro Gonzalez Iñarritu n'est pas seulement un cinéaste virtuose, c'est également un grand directeur d'acteurs.

Ne manquez pas ce film immense, à découvrir impérativement sur grand écran.

Anderton



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