mardi 20 décembre 2016

Joss Whedon : über geek au royaume des nerds

Artistes : Je vais en faire hurler plus d'un(e) mais j'avoue ne pas connaître Joss Whedon plus que ça. Bien sûr, je sais qu'il est le créateur de Buffy contre les vampires, le scénariste de quelques BD de X-Men et le réalisateur d'Avengers mais ça ne va pas plus loin que ça. Mais ça, c'était avant... que je lise la biographie que lui a consacrée Amy Pascale.




A l'instar d'un J.J. Abrams, Joss Whedon est un wunderkind vénéré par les geeks. Et pour cause : il a marqué de son empreinte les comics, la télévision et le cinéma. Elevé au sein d'une grande fratrie par des parents travaillant dans l'entertainment, le petit Joseph Hill développe son sens artistique en même temps qu'une timidité frisant la pathologie. Le gamin aime les comics au point de pleurer parfois quand ses personnages préférés viennent à trépasser. Inutile de dire qu'il est le souffre-douleur de ses camarades de classe. Expériences traumatisantes que celles de l'école puis de l'université, d'autant qu'il poursuit ses études supérieures en Angleterre. C'est pourtant en Perfide Albion que l'asocial américain, malmené par ses copiaules, se révèle et fait sa mue pour finir accepté par les autres étudiants. C'est que Joss connaît ses classiques, notamment Shakespeare. Et cela force le respect.


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Retour aux States de l'étudiant doué mais un brin cossard. Direction la Wesleyan University où il suit des cours de cinéma, sa grande passion. Ses analyses de film emballent autant les profs que ses camarades et Joss se tourne naturellement vers l'écriture pour la TV. Quelques expériences souvent douloureuses, notamment sur la série Roseanne. Il écrit un premier scénario pour le cinéma : Buffy contre les vampires. Le résultat à l'écran l'atterre. Mais son art du dialogue retient l'attention. Le voici script doctor, intervenant sur Speed ou Toy Story. Pas toujours crédité mais reconnu à Hollywood. Il reprend alors son idée de Buffy et la développe pour la télévision en 1997. C'est un succès porté par les fans. Lesquels se retrouvent sur un Forum qui fédère toute une communauté. En 1999, Whedon lance le spin-off Angel. Sa série de S-F Firefly (2002) n'obtient pas le même succès mais accède au rang de série culte. Le showrunner s'essaie à la réalisation avec Serenity (2005), qui fait suite à Firefly. Malgré les critiques élogieuses, le public ne suit pas. La consécration intervient en 2012 avec Avengers puis sa suite trois ans plus tard.


Amy Pascale évoque tous ces moments-clés, personnels et familiaux, en s'appuyant sur beaucoup de témoignages - du principal intéressé, de ses proches et de ceux qui ont travaillé à ses côtés. On sent bien qu'elle apprécie Whedon, pour autant elle ne cache pas ses défauts : bourreau de travail exigeant et un brin renfermé, il n'est pas toujours tendre avec ses collaborateurs. Reste qu'il n'est jamais méchant et que tous lui reconnaissent une grande honnêteté. Son talent surtout suscite l'admiration. Autre intérêt de l'ouvrage : la mise en relief des thématiques chères à Whedon, son féminisme convaincu (qui se retrouve dans ses oeuvres)*. Comme lui dans la vie, ses personnages se battent beaucoup et échouent souvent mais ce sont ces échecs qui leur permettent de réaliser de grandes choses. Publié aux éditions Glénat, Joss Whedon La Biographie est un must pour comprendre l'impact de l'artiste sur la culture geek.

* Féminisme de façade selon son ex-épouse Kai Cole, qui dresse en août 2017 un portrait beaucoup avenant de Joss Whedon dans The Wrap.

Dans la même collection, Over The Pop, Glénat édite également Le Guide des webséries : la nouvelle vague, de Joël Bassaget. Un ouvrage très complet et abondamment illustré qui aborde l'essor de ces créations digitales - Whedon a lui-même écrit et réalisé en 200 la web-série Dr. Horrible's Sing-Along Blog. Bassaget propose ainsi une compilation des 300 meilleures productions du genre, aux Etats-Unis, en France ou ailleurs. De quoi passer de nombreuses heures sur la toile. Comme un geek heureux.

Anderton

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