jeudi 15 décembre 2016

Les Flics ne dorment pas la nuit : "Chez Fleischer, la stylisation est toujours au service de l’intrigue" - INTERVIEW (4/4)

En DVD et Blu-ray : Le critique de cinéma Frédéric Mercier commente pour Cineblogywood les trois perles du coffret Richard Fleischer édité chez Carlotta. Aujourd'hui, il revient sur Les Flics ne dorment pas la nuit (The New Centurions, 1972), avec George C. Scott et Stacey Keach.



Cineblogywood : Les Flics ne dorment pas la nuit détonne dans la filmographie de Richard Fleischer...
Frédéric Mercier : Ce qui est étonnant, c’est son aspect urbain et nocturne, mais surtout sa forme narrative, proche d’une chronique. C’est un film avec une multiplicité d’intrigues, mais sans véritable enjeu dramatique fort. Le film se situe dans une zone interlope du film policier américain de la fin des années 60 et de celui du début des années 70, entre Inspecteur Harry et Serpico. Où se situe Fleischer ? Juste avant Lumet ? Il a aussi de très fortes ruptures de tons : on passe de scènes de perquisitions nocturnes à des scènes diurnes solaires, du tragique au quasi documentaire. Il y a une scène de bavure terrible et quasi-insoutenable, avec un bébé. Il n’enjolive absolument pas la nuit : elle est sèche, brutale. 


En quoi donc y retrouve-t-on la patte de Fleischer ?
On trouve toujours de la stylisation chez Richard Fleischer, mais elle est toujours au service de l’intrigue et équilibrée par l’intelligence de la mise en scène. Elle ne cherche pas à se donner à voir. En ce sens, il rappelle Preminger : ils possèdent tous les deux une virtuosité qui ne cherche pas à se faire voir. Récit et personnages sont toujours les plus importants. [Spoiler] Ainsi de la scène du suicide de George C. Scott : outre qu’elle arrive à un moment étonnant dans le récit, on y trouve un rapport au décor très fort : un bureau, une fenêtre, le tout sur les hauteurs de Los Angeles, au moment du soleil couchant. 

Ce film est quasiment contemporain de Fat City, de John Huston, un autre styliste discret de la mise en scène...
Huston et Fleischer ont des parcours similaires, un même éclectisme, mais Huston aurait une caution plus auteuriste que Fleischer dans la mesure où il a souvent adapté les grands classiques de la littérature. Or Fleischer, à part 20.000 Lieues sous les mers, n’a pas adapté de grands chefs d’œuvre de la littérature. Ce n’est pas ce qui l’intéresse. 

Travis Bickle

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